Cheval du désert : il l’est en effet par son aptitude à y survivre et, par sa beauté, sa vitesse, sa force, son endurance aux privations les plus dures, il rend hommage à ses origines :  qu’elles soient issues des cinqs juments du prophètes ou de Dieu et du vent (selon le traité / légende du Nacéri). Il est considéré comme le plus parfait des chevaux, le père en même temps que l’améliorateur de toutes les grandes races actuelles. En arabe « étalon » se dit « Horsan », « jument » se dit « Faraz » et il faut remarquer que les Arabes sont à l’origine des premiers haras dont le mot lui-même vient de l’arabe Faraz.

Le vrai cheval du désert (jordanien) est petit, sec, chanfrein peut creusé, très résistant, avec un bon cardiaque (les meilleurs ont un rythme de 32 battements par min). Il est très ramassé et tient idéalement dans un carré. A la différence des autres race de chevaux, sa colonne vertébrale possède une vertèbre de moins au niveau des dorsales lui donnant un dos plus court. Son ventre est levreté. C’est un cheval fort et résistant qui peut s’adapter à des conditions extrêmes : rareté de l’eau, pauvreté de la nourriture, chaleur torride. Il est d’ailleurs étonnant de les voir fouiller ce sable à la recherche de pousses et manger des arbustes secs et noueux. Sans l’homme, il lui est difficile de survivre car il a besoin de compléments nutritifs : chahir (orge) et persim (luzerne/foin). Le foin est ici une denrée assez rare et il n’y en a pas suffisamment pour le stocker longtemps. Le temps sec permet de le faire sécher rapidement mais néanmoins il faut faire attention à sa qualité et surtout qu’il ne soit pas trop humide pour ne pas provoquer de coliques. Deux tranches par repas sont suffisantes avec l’orge pour assurer son alimentation quotidienne de travail. On peut rajouter du tiben (lambeaux de paille) pour assurer un lest plus important et permettre des crottins mieux formés.

Les courses d’endurance sont encore assez éprouvantes pour les chevaux : le gagnant de la dernière course des châteaux à parcouru 80 km en 4h05, battant le record suisse 5 min. Le terrain est dur et éprouvant pour les tendons. Le gagnant remporte un Range Rover neuf, les suivants ne sont pas défavorisés pour autant. On comprend ainsi le nombre élevé et la motivation des participants : 210 partant en ligne qui démarre au grand galop dans un nuage de poussières. On comprend aussi que certains gagnent un autre prix : « le Paradis des chevaux ». Le contrôle veto est pourtant effectué tous les 20 km et les vétérinaires anglais ont été surpris de l’état des chevaux gagnants. Malgré un examen très attentif, aucun motif de disqualification pour ces chevaux de bédouins dont l’état extérieur peut faire pitié ( pour l’oeil d’un occidental) face aux chevaux de prix d’emirs et autres riches arabes.
Remarque faite par un bédouin à Emmanuelle qui nourrissait ses chevaux pour la course :
« Ne leur donne pas à manger 4 jours avant la course, seulement de l’eau. Tu nourriras après la course« . Malgré ce traitement (non appliqué) : leurs chevaux gagnent ! N’avons nous pas un enseignement à en retirer (sans exagération, avec sagesse, dans l’esprit de ces hommes pour qui Cheval rime avec Fierté & Honneur et non décrépitude et abandon comme cela peut être malheureusement le cas en Europe).

Contrairement à ce que je pouvait penser, on ne trouve pas de chevaux dans la partie sud de la Jordanie. Les bédouins du Wadi Rum sont réfractaires à ces animaux pour qui le tourisme local ne se fait qu’avec des chameaux ou des 4×4. Ils prétextent que les chevaux font peur aux chameaux mais ils ont surtout crainte (à tort) que celui ci empiète sur leur marché.
Dans les autres tribus bédouines, le cheval fait partie intégrante de la tribu. A chaque tribu correspond une famille, comme celle des Cha’allan (concept rarement employé en France et qui évite l’utilisation de l’arbre généalogique). Les croisements inter famille sont rigoureux et sévèrement choisi pour obtenir un produit de qualité. Les poulains sont chouchoutés par les enfants qui les montent quand ils atteignent 1an1/2. Un étalon n’est jamais castré car s’est considéré comme une déchéance.

Dans le désert sans clôture, le cheval reste à l’attache, un pieu au bout d’une corde de 4m . Ils y sont habitués depuis tout jeunes et savent donc se sortir d’une prise de longe sans se blesser. Sinon ils attendent sagement l’aide de l’homme. Dans ces conditions, randonner à cheval est plus simple.
Il est préférable de donner l’eau au sceau plutôt que par des abreuvoirs automatiques : l’homme peut ainsi vérifier la quantité bu. De cette façon, l’homme devient indispensable ; notion cruciale dans le désert où le cheval doit rester près de l’homme à tout moment si ce dernier veut survivre. L’homme est ainsi un compagnon rassurant pour son cheval (ce dernier aime être à ses cotés) et le cheval indispensable pour les déplacements.

Cependant, en quittant ces déserts, ces maigres pâturages et toutes les difficiles conditions de vie qui furent siennes pendant des siècles, le cheval arabe est également en train de perdre ses fabuleuses qualités d’endurance et de rusticité qui en firent le plus efficace « instrument » de conquête. Déjà, ses formes anguleuses s’arrondissent et sa taille s’accroit. Le cheval arabe originel est ainsi de plus en plus rare.