Distance
Durée
Alt. max.
de déplacement
Dénivelé total
Récit
Aout 2024, je devais repartir avec Elodie Crance d’Equi’libre Les Eygauds pour une nouvelle randonnée en autonomie, cette fois vers le Mont Mezenc et le Parc Naturel de l’Ardèche. Je l’attendais depuis longtemps, car je n’ai quasiment pas pris de vacances depuis notre randonnée de juin 2023 et les derniers mois étaient intenses physiquement et moralement du côté professionnel. Pas de chance, il n’y a pas d’inscrit à cette rando (hors norme, car en autonomie, sans parcours défini ni gite prévu). Heureusement, j’avais rencontré Elodie il y a 3 ans maintenant dans l’optique de lui louer un cheval pour partir en randonnée en solitaire.
Il semblerait que le destin me met un coup de pied au derrière et justement, Elodie me connaissant et m’ayant vu sur plusieurs randonnées, elle me propose de me louer 2 juments pour que je fasse cette randonnée par moi-même et sans elle. Son associé Edouard serait intéressé de faire aussi cette randonnée et malgré nos typologies différentes, le mixte pourrait être intéressant selon elle. Elle ajoutera quand même qu’il n’a pas vécu assez de galères à cheval. Son fonctionnement à l’intuition et nonchalant complétera mon esprit cartésien et rigoureux.
Tout de suite, ce n’est plus le même engagement ni le même niveau de responsabilité. Cette fois, je ne pourrais pas compter sur la compétence d’Elodie et son expérience (elle a fait le tour de France à cheval en 2011 – 7000km sur 7 mois avec ses 2 chevaux et son chien) pour nous éviter les aléas de la rando et nos chevaux géniaux comptent sur nous pour les préserver, les nourrir et les abreuver, les soigner et les épargner. Edouard étant plus jeune dans la rando, je suis le plus expérimenté et c’est un poids sur mes épaules que j’aurais préféré partager (comme avec mon ami de très longue date François Schaffter sur nos trop rares randonnées). Et comme mon équipier est en plein déménagement, je m’occuperais donc les quelques jours avant le départ de l’organisation du voyage, de définir l’itinéraire en boucle de faire valider par d’autres cavaliers, de réunir tout mon matériel de rando, ainsi qu’une bonne partie de la nourriture.
Ce fut, malgré ce stress permanent pour moi, une belle expérience avec de beaux partages, des paysages magnifiques et des rencontres sympathiques et surtout le plaisir de pouvoir gérer à mon rythme (en prenant le temps pour ne pas faire d’oubli) – à ce sujet, je ne perdrais que les sangles de mon hamac (chemin de Tredos dans les sapins – je peux vous dire où elles sont). Une expérience qui va dans le sens de ce que je veux vivre de plus en plus à l’avenir. À mon rythme avec des chevaux que j’aime !
Nous partons avec 3 chevaux en autonomie – avec un bât léger (selle Mc Leland sur laquelle on clipse 2 sacoches de La Poste contenant la nourriture et popote + un gros sac marin en travers de la selle tenu par une sangle à cliquet et qui contient les piquets et du rechange) qui a fait ses preuves il y a 13 ans lors du tour de France d’Élodie – avec la jument de 12 ans Cadence qui a fait ses preuves dans le rôle de cheval bâté à plusieurs occasions les 4 dernières années. Je la connais bien car elle faisait partie des juments de bas de notre rando de 2023. De type double poney, elle a de l’allant elle se gère très bien en dextre. Elle a aussi une très bonne mesure de sa largeur et ne touche quasiment jamais les obstacles, même si l’espace est étroit. Ma jument de selle sera aussi la même que 2023 a pour nom Cheyenne. C’est une belle jument de 8 ans, pie, porteuse, douce et volontaire, ainsi qu’une bonne grimpeuse.
Enfin, Edouard monte sa jument croisée selle français et comtois de 7 ans : Horslane. Edouard a déjà fait une traversée de la Drôme à la Haute-Loire en décembre dernier sur huit jours pour amener sa jument vers son nouveau lieu de résidence. Il était parti en mode hyper léger juste avec une paire de sacoches et un Charvin. Horslane ne connaissant pas les autres (à part la nuit précédant le départ dans le même parc), elle aura du mal à lier contact avec Cadence qui couche régulièrement les oreilles quand Horslane ne respecte pas sa place dans le groupe. Je me réveillerais parfois au son d’une courte galopade dont une fois à 3h du matin au pied du Gerbier de Jonc par 4° en craignant que nos chevaux aient rencontré ceux qui les jouxtent au pied du Gerbier de Jonc. Fausse alerte, ce n’est qu’une remise à sa place de Horslane.
Elles finiront néanmoins par se tolérer puis s’accepter, car les 8e et 9e soirs j’ai pu enfin voir Horslane et Cheyenne se groomer mutuellement sans que Cadence ne conteste, et Cadence pilera 3 fois en dextre le dernier jour en me brulant presque la paume de la main et me déchirant le pantalon avec l’extrémité de la longe parce qu’elle ne sentait plus Horslane dans son dos depuis 10 minutes. Edouard ayant trouvé de l’eau pour sa jument après un long trajet à sec, il s’était arrêté et nous a rejoints bien plus tard alors que nous l’attendions sur le bord de la route – l’occasion de lui expliquer la dangerosité de séparer les chevaux en fin de randonnée et qui nous montre que notre groupe fait un tout pour nos juments (avec leurs présences le matin près de nous au réveil ou leurs venues le soir au parc – mais peut être que mes bonbons à la biotine y sont pour quelque chose 😉
Nous sommes partis le 22 aout au lieu du 15, et ce n’est pas plus mal, car j’ai eu le temps de me reposer et surtout de me renseigner pour construire un itinéraire cohérent sans trop de distance. Mais aussi de réparer les sacoches La Poste en y passant bien 10h de réparation et de couture manuelle au point sellier (j’ai terminé la veille à 20h30). Autant dire qu’il y a du travail pour tout répartir, équilibrer et décider de ce que l’on laisse par manque de place… Edouard expérimente sur cette randonnée les semelles de SAFE-HP (France) plus souple et léger que des fers classiques. Ferrée la veille, Horslane a eu la drôle d’idée de perdre sa semelle antérieure au pré (mais tous les clous sont restés en place avec leur tête, la semelle en revanche, reste introuvable dans le pré immense). Le maréchal revient pour poser des fers en plastique rigide aux antérieurs.
Merci aux groupes Facebook et au CDTE Ardèche pour les itinéraires qu’ils publient sur leur site. Je m’inspirerais du circuit des Boutières et du départ de notre randonnée de 2023 pour valider environ ¾ du trajet (seul le début est inconnu, mais les étapes prévues y sont les plus courtes – de quoi s’adapter à ce que l’on trouvera). J’ai envisagé des étapes possibles pour le trajet en faisant en sorte de ne pas dépasser 25 km par jour. À mon sens, sur ce type de randonnée avec un trajet connu, mais non maîtrisé et devant trouver des endroits adaptés pour nos nourrir nos juments en respectant la propriété privée et pour nous, il ne faut pas dépasser la limite de 20 à 25km. 30 max si le terrain est roulant avec une étape certaine et validée en soirée. Évidemment, imprévu dernière minute retardant la mise en route : des poulains se sont sauvés de leur pré et il faut les retrouver et les y remettre. Nous ne partirons finalement que vers 12h30 – heureusement je n’ai prévu qu’une étape de 15km pour ce premier jour avec un campement possible à Retournac.
Comme l’année dernière, nous avons eu de la chance et la randonnée se déroulera dans de belles conditions et le soleil nous accompagnera (avec la chaleur qui monte à 33°) pour toute la randonnée – hormis un soir d’orage (qui décidera de nous éviter) et de pluie (qui s’arrêtera fort à propos juste avant 7h du matin).
Les moments forts en sont l’accueil du gite du Framanteau ; la journée avant le Mont Mézenc ; le contournement de ce dernier (le sommet étant dans le brouillard à midi et les conditions de la veille au lac Saint Front n’étant pas géniale pour nos juments, nous préférons les préserver d’une longue ascension inutile vue la météo – le soleil se lèvera peu après, mais le décor à 180° est tout aussi beau et l’objet d’une belle halte de midi) ; le Gerbier de Jonc (malgré la nuit glaciale que nous passerons à ces pieds avec un vent à 50km/h) ; le contournement du Suc de Coux (magnifiques couleurs) ; les nombreux sucs (restant de volcan) ; la journée des crêtes ardéchoises (malgré les TROPS nombreuses portes et l’absence d’eau de 10h à 15h) ; la Dolce-Via qui monte à 5% sur 25km sur cette voie verte issue d’une ancienne voie ferrée ; le repas et l’accueil aidant du saloon Le Red Fox ; le lac du Devesset (il faut y faire étape : parc, plage pour chevaux, lieu…) la traversée de Saint-Agrève et la pause boisson sur la place de l’église ; la gentillesse et l’accueil des gérants du camping de Vaubarlet ; la traversée de l’antique pont de Confolent (avec son tablier en métal qui grince et bouge).
Cette randonnée étant terminée, j’ai adoré le groupe que nous avons formé, en particulier ma relation avec mes juments Cheyenne et Cadence que j’affectionne tout particulièrement. Nous avons cheminé sur 10 jours avec 9 bivouacs dont 2 repas non préparés par nos soins / 230 km environ / plus de 11000m de dénivelé total (dont une majorité des descentes faites en main pour préserver ma jument).
Avec le recul, a l’avenir, je prévoirais un jour d’arrêt au milieu de notre escapade pour permettre à tous de se reposer, de profiter du moment et de réparer et aux juments de brouter à leur aise. J’ai remarqué que sur les 2 ou 3 derniers jours, Cadence avait plus de mal à se maintenir à l’allure de Cheyenne (qui a aussi probablement accéléré et marchait parfois à 7km/h) – je la laissais plus souvent en liberté pour qu’elle puisse mieux gérer son allure mais j’ai aussi ressenti une attitude moins enjouée de sa part (lassitude ?) – même si au final elle ne portait pas tant que cela (40kg au max tout compris), c’est un poids statique et son allure est un peu de dessous de ma jument. En tout cas, elle gère parfaitement sa largeur avec le bât et n’a quasiment jamais frotté (y compris sur les crêtes avec les passages de portes étroits).
Régulièrement, sur la rando, croisant des promeneurs, nous avions droit à des « bonnes balades » que je trouvais péjoratif en regard de l’implication que notre rando demande très loin d’une simple « balade ». J’ai appris à relativiser mais aussi comme cela me titillait toujours un peu, j’anticipais en souhaitant une « bonne continuation » ou une « bonne journée » aux personnes que nous croisions et qui nous répondaient « de même » ou équivalent. Pour moi, être en autonomie, sans gîte, demande une forte implication et questionnements de tous les instants – et très loin de la randonnée organisée où l’on se laisse guider par les événements – ainsi que responsabilité, anticipation, et bien moins de lâcher prise. Une énergie différente et somme toute plus intense.
Le beau cadeau final fut de voir le petit galop de plaisir de Cheyenne et Cadence dans leur parc quand je les ai relâchés ainsi que l’appréciation d’Elodie sur le bon état des juments – ‘elle n’avait aucun doute à ce sujet’ – malgré une nourriture exclusivement à l’herbe et qui ont peu perdu (du gras principalement me dit Anaelle, une des guides de rando experte de Equi’Libre).
Prochaine étape, partir seul mais sur une durée plus courte et si possible sur des terrains plus simples (pour trouver à faire un parc chaque jour).
Parcours
Dates
du 22 au 31 aout 2024
Durée de la randonnée (hors pause)
52h56 environ
Distance
232 km (290 km effort selon SityTrail)
Altitude min.
427 m
Altitude max.
1581 m
Dénivelé ascensionnel
5674 m
Dénivelé en descente
-5674 m
Vitesse moyenne de la randonnée
4,3 km/h
Vitesse maximum de la randonnée
23,9 km/h
Récit en photos
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