Contrairement à mes idées de profane, le désert jordanien n’est pas uniforme et monotone, comme peut l’inspirer le Sahara, par exemple. Celui-ci est riche en massifs montagneux et en sables de couleurs pleines de dégradées et de nuances : du gris à l’orange puis au brun, à l’ocre en passant par le rose. Il est composé de sables (fins et aussi abrasifs que du papier de verre) ainsi que de rochers et montagnes (djebel) fait d’un mélange de grès, de granit et de basalte avec des veines très marquées. Ce sont ces strates de grès, trés friables, formées par dépot dans une mer qui ne connaissait pas de vie aquatique, qui, après avoir été poussées vers le haut par des mouvements tectoniques puis érodées par le vent furent à l’origine du sable et donc de sa couleur. Les veines granitiques (d’origine volcanique éruptive) qui forment les montagnes sont parfois très bien visibles sous forme de longues langues noires.

Quant au massif montagneux, il est très vaste et constitue un des plus beaux endroits pour pratiquer l’escalade. Divers niveaux de difficultés sont possibles pour en permettre l’accès aussi bien au débutant qu’à l’alpiniste chevronné dans un environnement majestueux. Le Djebel Rum est le point culminant purement Jordanien (hauteur de 1750m). Posé sur un socle granitique, son approche pédestre commence à environ 1000m d’altitude par des éboulis. Ils font place à une paroi rocheuse rouge sur sa face la plus aisée avec de nombreuses aspérités. Cette paroi vue de loin laisse l’impression d’une immense termitière. Il faut ensuite parcourir de longues dalles obliques pour enfin atteindre le sommet après 3h d’ascension. Toutes les voies intéressantes ont maintenant été recensé dans leur majorité par des français dont Wilfried Colona – guide de haute montagne – et Bernard … – travaillant pour le CNRS et photographe éclairé. Certaines de ses voies sont maintenant mousquetonnées dans une résine imputréscible pour permettre une ascension plus sécurisante. Pour les intéressés d’escalade, un topo guide complet avec explication, schéma et photo doit paraître bientôt grâce aux personnes ci-dessus.

Il dispose aussi d’une certaine verdure permettant de nourrir chèvres, moutons, ânes, chameaux, chevaux et autres animaux sauvages : bouquetins, pigeons, lièvres, renards mais aussi serpents, scorpions, araignées des sables. Certaines parties sont parfois cultivées (en fonction de la pluie), en effet la couche de sable est suffisament faible et laisse apparaître une couche de terre. A ce propos, petit détail humoristique : en Europe, on clôture les prés pour éviter que les animaux ne s’en échappent ; ici, ce sont les cultures que l’on clôture pour éviter qu’elles ne soient pillées par les animaux « domestiqués » vivant en totale liberté.
L’air y est sec et pur, l’eau potable (si les bédouins le disent), les températures vont d’un extrême a l’autre : +40° à -10°. Il ne faut pas oublier que des sites comme Petra sont situés en altitude (1600m) et qu’il y neige en hiver.
Il existe même des nappes phréatiques qu’Evian voulait exploiter. Et pourtant la Jordanie manque d’eau ; est-ce à cause de ses pipelines qui fuient ou plutôt à cause de ses achats d’eau au détriment d’installations plus archaïques comme des barrages ou des puits. Ces derniers retenaient l’eau pour alimenter bédouins, troupeaux et cultures.

Les bédouins chassent encore dans ce désert (pour se nourrir mais aussi beaucoup par plaisir). Mais au rythme où disparaissent les animaux sauvages, on peut supposer que cela ne durera plus très longtemps. Certaines espèces ont d’ores et déjà disparus, comme les autruches voici 30 à 40 ans et les gazelles que l’on pouvait encore apercevoir 10 à 15 ans auparavant. Les bouquetins se font maintenant de plus en plus rares car la chasse est impossible à réglementer et surtout à contrôler. Il existait même une race très ancienne de chevaux à l’état sauvage : les onagres qui ont eux aussi été chassé pour servir de nourriture mais aussi pour protéger les troupeaux de juments de s’enfuir au profit de ces derniers.