C’est une randonnée magnifique que nous avons vécu dans la cordillère des Andes chiliennes sur un périple de 170 km couvert en 8 jours de randonnée itinérante par une forte chaleur et des nuits parfois humides et froides. La randonnée itinérante est la forme la plus exigeante mais aussi la plus pure façon de randonner à cheval.
Randonner avec des chevaux de bât – une expérience à vivre !
Toutes nos affaires doivent être réduites au strict nécessaire car elles ne seront portés que par nos chevaux. La majorité des randonnées permet de retrouver un véhicule d’assistance chaque soir (voir midi comme pour le désert de Namibie) afin de limiter ce que les chevaux porteront. ici, nous avions 3 chevaux de bâts.
Ces chevaux ont la responsabilité de porter notre nourriture (nos chevaux devront se contenter de ce que la nature leur procurera – aucun complément n’est transporté), ainsi que les ustensiles de cuisine, la pharmacie, les tentes, les vestes de chacun pour la nuit (et qui prennent trop de place). Les bâts sont de 2 type : canadiens (les bâts bleus et verts que l’on voit sur les photos) : les cordes qui les enserrent se positionne sur un arçon en bois disposant d’une armature métallique les accueillant (le matériel est limité par la taille fixe des caisses mais elles sont faciles à mettre) ; et le bât chilien (voir la photo de Carlos ci-dessous) : les affaires sont prises en sandwich dans une toile, elle-même enserrée par un anneau métallique recouvert de grillage (plus haut sur le cheval, le matériel peut être de forme différente et large mais, à contrario, l’équilibrage est rendu plus difficile et, comme la position sur le cheval est plus haute, ce bât bouge facilement du côté le plus lourd et il faut régulièrement retendre les cordages).
Les chevaux de bât sont tenus en main pour la plupart du temps (gant fortement recommandé pour la main qui tient la longe du cheval de bât) mais, selon leurs caractères, ils peuvent être laissés libre de suivre.
L’eau est l’élément le plus important dans une itinérance et il faut en trouver en quantité, régulièrement pour les chevaux et les cavaliers. A ce titre, les Andes Chiliennes sont bien pourvues. Les vallées hébergeant de nombreux troupeaux, elles sont bien irriguées par de petits ruisseaux et des canaux creusés et entretenus par les « cuidadors ». En majorité, l’eau est potable directement sauf à 2 ou 3 endroits, où nous avons pris l’eau de la rivière en contrebas de troupeaux (pastille d’hydrochorazone ou équivalent fortement recommandée pour les non-chilien)
Les chevaux
Comme tout cheval de randonnée, nos chevaux ont le pied sûr, un caractère bien fait, habitué à vivre dehors, à s’adapter aux conditions de la randonnées (halte, traversée de rivières, de passage étroit, franchissement de sommets…) et à s’adapter à une alimentation pauvre tout en assurant une journée de randonnée avec cavalier et ses bagages dans une région montagneuse.
L’aventure a failli mal débuter avec une des juments de bât qui a eu de violentes coliques le soir de notre première journée alors que rien ne le laissait prévoir. A voir l’expression des guides, ils avaient peu d’espoir que la jument survive – ce qui aurait été un horrible début de rando (et qui aurait pu aussi la remettre en cause). Heureusement, la jument a tenu le choc (merci aux trois piqures administrées la veille).
La nuit, certains chevaux sont mis au piquet (avec une longe de plusieurs mètres), les autres sont entravés et peuvent se déplacer librement. Contrairement à ce que certains cavaliers pourraient penser, les entraves ne sont en rien un instrument de torture pour le cheval. Si il est habitué début tout jeune, c’est un excellent moyen pour lui de rester en liberté et trouver des pâturages qu’il aime tout en limitant sa divagation (ce qui est préférable, si vous ne voulez pas vous retrouver à porter la selle pendant des heures au petit matin). Le nombre des chevaux entravés doit être inférieur à celui des chevaux à l’attache, car, étant majoritairement grégaire, il reste près du gros du troupeau (sauf quelques indépendants ;-). J’ai personnellement vu des chevaux galoper avec des entraves (au Kirghizstan, quand les gamelles de grains étaient distribuées). Il a même fallu dans un cas particulier entraver 3 membres des chevaux pour éviter qu’ils aillent trop loin (toujours au Kirghizstan – impossible de planter les piquets).
Autre particularité de l’itinérance, les chevaux ne peuvent pas être compléter dans leur alimentation qu’ils doivent trouver naturellement sur le lieu de chaque campement. Ainsi, sur cette randonnée, 2 campements sont choisis par les guides en fonction de la quantité d’herbe dont les chevaux peuvent profiter (selon la quantité d’eau).
L’organisation
L’organisation d’une telle randonnée est particulièrement exigeante et demande une grande expérience de la randonnée. En effet, une fois en chemin, pas moyen de trouver un fer, de l’alimentation, un nouveau cheval, du secours…
Nos deux guides furent très complémentaires : Sandra – française qui est parti s’installer au Chili – est l’organisatrice s’est occupé de la gestion de notre groupe et de la logistique de la randonnées. Elle gère un centre équestre à Santiago et un autre à Maule (où elle habite avec sa famille). Carlos, quant à lui, à mis à disposition certains de ces chevaux, et son expérience de « cuidador » – un véritable gardien de troupeau. Travail qu’il exerce dans l’anneau en parallèle de la gestion de son élevage, de l’accompagnement de randonnées…
Nos guides étaient les premiers debout et, souvent, les derniers couchés : préparer le feu du matin pour chauffer l’eau, ramener les chevaux qui se sont éloignés la nuit (en se relevant parfois la nuit pour récupérer les fuyards ce qui à provoqué une petite frayeur quand j’ai entendu les chevaux revenir vers nous au galop en plein milieu de la nuit – je dormais à la belle étoile et le risque de se faire piétiner était possible), ranger le campement (pendant que nous préparions nos chevaux), bâter les chevaux, guider la randonnée et étant à l’écoute des cavaliers et des besoins des chevaux, trouver le bon chemin (qui parfois se résume à un sentier de chèvres), préparer les repas, veiller au bon etat des chevaux… et répondre aux nombreuses questions des cavaliers tout en essayant au maximum de satisfaire leurs besoins.
La selle
Plutôt rustique, elle se pose sur un premier tapis (simple pour la transpiration), suivi d’un tapis plus épais (amortisseur), la selle même (ressemblant à un arçon de McLellan), une sangle qui entoure le cheval, les tapis et la selle (nœud de cravate), une peau de mouton est attachée par-dessus la selle et la sangle et elle même est maintenu attachées par des cordelettes à la selle. Enfin, une sur-sangle entoure l’ensemble pour le maintenir en place. Sur ma peau de mouton, il y a avait en outre une croute de cuir (souple).
Le re-sanglage nécessite donc de refaire 2 nœuds de cravate. Si la plupart des cavalier trouve la selle confortable, pour ma part, je préfère une selle de troupe ou une McLellan sans peau de mouton et avec une croute de cuir lisse.
Contenu du bagage personnel
Nos affaires personnelles sont transportées par notre propre cheval et la place est limitée dans les sacoches : couches d’habit multifonctions (coupe-vent, poncho de pluie, polaire, bonnet et gants, couche chaude pour la nuit, maillot de bain), linge de rechange, nécessaire de toilette et serviette, carnet de randonnée (pour ma part), lampe de poche (à dynamo) et batterie de secours (solaire), pharmacie personnelle, sac de de repas (avec assiette, couvert, tasse et des barres de céréales pour les petits creux – on s’arrête là où c’est possible et de façon très variable au niveau horaire). Et la gourde d’eau (une bouteille d’Evian de 75cl + une recharge en plastique souple de 1L). Sans oublier le nécessaire de nuit : sac de couchage (tenant le 0° – la température est descendue jusque 3° humide une nuit) et couche isolante (les terrains sont très humides malgré la forte chaleur la journée). Chaque place est comptée où le superflu n’a pas sa place. Pour ma part, j’ajoutais un petit sac à dos contenant mon appareil photo : canon EOS-5D avec son objectif 24-105 – 1 batterie de secours (j’ai « oublié » les 2 autres dans un sac qui est resté au centre équestre).
Vivre dehors 24/24 et dormir à la belle étoile
Il est surprenant de voir comme le corps s’adapte rapidement à de grandes variations de température (la sonde de température que je transportais sur cette randonnée indiquait plus de 40°C en journée – avec des records de chaleur pour le chili – et descendre jusque 5°C de nuit). En vivant constamment dehors, même si la chaleur était éprouvante (heureusement, le foulard gorgé d’eau aide à combattre la chaleur) et les nuits froides (sac de couchage tenant 0°C confort recommandé), je n’ai, à aucun moment, eu envie de m’enfermer dans une tente et j’ai pu profiter des beaux cieux étoilés de la cordillère – sans pollutions lumineuse. Je mettais mon poncho russe au sol pour éviter la remontée de l’humidité, puis un tapis léger isolant, mon sac de couchage recouvert d’une polaire et je refermais le poncho sur moi pour la nuit (pour limiter l’humidité ambiante). Mes affaires du lendemain était prise en sandwich entre le sac et la polaire afin de les garder tiède. Les manches du poncho servait de rangement : eau, lunette, carnet de rando, pharmacie…
Notre parcours
Je vous invite à aller sur la page de la randonnée où vous trouverez les informations sur cette randonnée ainsi que le lien vers l’album photos